matveï ; russian madness and dirty nights.

MR HELLSING : « Bonjouuuuuuuuuuur ! »
VOUS : « C’est cela. »
MR HELLSING : « Alooors ! Nous allons donc pouvoir commencer ! »

Un quart d'heure suite à la sulfureuse rencontre avec un psychologue loufoque (& sado-maso), arrivent les questions dites sérieuses.

MR HELLSING : « Qu'est ce qui vous amène donc ici? »
VOUS : « Comment ? Ai-je bien entendu ? Attendez… vous ne pensez tout de même pas que je suis venu ici de ma propre volonté ? Non mais j’ai une tête à consulter ? Personnellement, ça va à merveille et je n’ai à vous dire, alors ne me faîtes pas croire que vous ignorez pourquoi je suis ici. Oh, ne me regardez pas comme ça, que croyez-vous ? Je suis loin d’être impressionnable. Je ne vais certainement pas raconter ma vie à un soit disant psy qui n’affiche même pas ses diplômes dans la salle d’attente. Et en quoi cela vous intéresse-t-il de toute façon ? On a quoi ? Une heure à tout casser ? Que je vous dise tout ou pas, vous serez tout de même payé et pas qu’un peu, alors arrêtez de me faire ces yeux là. Oh et puis, qu’on en finisse, j’ai juste l’impression qu’on tente de me faire tourner dingue et je n’aime pas ça. A Moscou, je suis connu non seulement pour être le fils héritier de la grande famille Benton, mais surtout pour être un sacré coureur de jupons. Et pas seulement de jupons. Je ne le cache pas, même si je me plais à tourmenter mes proies en leur faisant croire à une éventuelle rédemption. Il ne faut pas grand-chose vous savez : quelques fleurs, quelques promesses. Le romantisme convainc toujours, hommes ou femmes. Bref, ça m’amuse follement de briser tout cela en quelques mots seulement. Des mots lancés sans préavis, un soir ou un matin. Et puis, un jour, j’ai rencontré Marta. Marta elle était blonde aux yeux verts. Une belle plante, vraiment. Elle semblait avoir tout pour elle : intelligence, beauté, charisme. Tout le monde la suivait des yeux où qu’elle passe. La séduire fut un jeu d’enfant. Il faut dire qu’être vu en ma compagnie apporte quantité d’avantages, dont une certaine popularité dans le milieu mondain. Nous sommes restés ensemble durant trois mois. Ou quatre peut-être. Trop longtemps en tous les cas. Comme avec toutes mes précédentes conquêtes, je la laissais tomber sans une explication. Après tout, ce n’était pas de ma faute si elles rêvaient toutes de bonheurs et de stabilité : personnellement, je ne trouvais mon compte que dans la boisson et la cigarette. Les gens ne m’intéressaient pas outre mesure, sauf quand il s’agissait de satisfaire mes appétits. Mais vous voyez, j’ai sous-estimé la bêtise de cette fille. Cette gamine ne voyait que par le fric, que par sa fierté de petite poule. Elle est allée porter plainte pour viol, la gamine. Pour viol… j’ai bien ri lorsque j’ai compris pourquoi on m’avait embarqué. Bref, conneries ou pas, mes chers parents n’ont pas mis longtemps avant de décider qu’il était temps pour moi de freiner mes frasques et d’aller prendre l’air le plus loin possible. »

MR HELLSING : « Qu'est ce que vous inspire ce ranch? »
VOUS : « Pour tout vous dire, il ne m’inspire autant que vous-même : c'est-à-dire que je ne vois pas ce que je pourrais retirer de tout cela. On m’a envoyé ici pour que je lâche un peu mes mauvaises habitudes et mes mauvaises fréquentations. S’ils savaient ces parents qui ne s’occupent jamais de rien d’autres que d’eux-mêmes, qu’il n’existe sans doute pas pire fréquentation que celle des gens comme moi. Mon dieu, tout cela est tout bonnement à mourir de rire, cette situation est d’une ironie folle… cette fille qui ne connaît sans doute même pas la définition du mot viol, se permet d’aller porter plainte ! Si j’ai dit plus tôt que j’avais bien rit, croyez-moi, c’était un rire des plus jaune. Je le lui ferais d’ailleurs payer mon exil dès que je le pourrais… parce que cet endroit, je l’abhorre déjà. Il n’y a rien pour moi ici. Les chevaux ont certes une allure noble, et l’équitation peut s’avérer être un sport assez agréable à pratiquer si on ne tient pas compte des douleurs qui suivront immanquablement. Je ne tiens pas à me castrer voyez-vous… quant à passer des années entouré de pouilleux pareils ? Je me retiens déjà d’inspirer trop fort, je ne voudrais pas vicier mon air en plus de me salir les mains dans le crotin. Je suis censé apprendre quoi ici ? Comment nettoyer un box ? Comment se protéger des tempêtes de sable ? Vous me faîtes rire. A Moscou, ça risque fort de m’être utile. »

MR HELLSING : « Je vois, je vois... Et en ce qui concerne votre passé? Votre enfance? Adolescence? Vos relations? Une anecdote? »
VOUS : « Ma vie vous intéresse-t-elle donc tant ? Je peux le comprendre, j’ai une personnalité assez intrigante, mais inutile de jouer les hypocrites. Vous en avez combien à voir comme cela ? Dix ? Vingt ? Trente ? De moi, vous vous en fichez comme d’une guigne, et croyez-moi, il m’en coûte de vous dire cela. Comment ? Vous n’aviez pas remarqué mon narcissisme aigu ? Ma faculté de parler de moi sans discontinuer ? Mais suis-je bête, c’est bien votre foutu métier que de m’écouter comme ça, sans rien dire à part quelques questions par-ci par-là. Ca doit être fatiguant à la longue, non ? Qu’est ce que vous vouliez savoir déjà ? Ah oui… une anecdote sur ma vie. Puisque vous y tenez : je suis un gosse pourri. Vous savez, de ce qui naisse béni par les dieux parce qu’ils étaient aussi attendu que le Messie. Le genre de gosse qui n’a qu’à claquer des doigts dès qu’il en est capable pour obtenir tout ce qu’il veut. Le gosse qui agace tout le monde mais que personne ne peut contredire, car qui ne rêve pas de partager un peu de sa popularité ? Les hommes sont paradoxaux. Aussi prompts à critiquer qu’à ramper. Toute ma vie, ce fut ainsi. Des amis, je n’en ai pas. Des amants réguliers encore moins. Je ne me suis jamais attaché à personne, et si ce n’est à mon argent, personne ne s’attache à moi non plus. Quelqu’un m’a dit un jour que si je n’étais pas méchant par nature, je le serais invariablement devenu ne serait-ce que pour justifier ma solitude. De sages paroles, sans doute. Vous vouliez une anecdote sur ma vie, mon enfance ? Je ne saurais même pas quoi vous raconter. La seule chose hors du commun est cette que je viens de vous conter et qui m’a conduit ici. Je ne suis jamais tombé amoureux, non plus. C’est difficile de tomber amoureux, et j’avoue que vu l’état affligeant dans lequel on se trouve lorsqu’on est sous le charme, je n’ai pas franchement envie de tomber dans le panneau de sitôt. A en voir mes parents d’ailleurs… Je me demande si les sentiments tout court existent finalement. Ma mère est du genre froide : après m’avoir eu, elle a quitté le lit conjugale et je ne me rappelle pas les avoir vu partager la même chambre depuis que j’ai ouvert les yeux. C’est d’elle sans doute, que je tiens ce goût prononcé pour mon apparence et pour moi-même. C’est une alcoolique mondaine bien sûr, comme tous les bourgeois de ce monde. Peut-être plus que mondaine d’ailleurs. Mais on ne parle pas de ces choses là, ça ne se fait pas. C’est malpoli, voyez-vous. Mon père lui, est toujours trop occupé avec ses poules ou ses affaires. De lui, je dois tenir mon coté coureur. Aucun des deux n’a jamais trouvé de temps pour mon éducation : ils l’ont laissé à de charmantes nourrices, ayant pour la plupart plus souvent approchées le lit paternel que ma propre mère. J’ai grandis seul, en somme, et la seule fois où j’ai eu l’impression qu’ils s’inquiétaient un tant soit peu de mon sort, c’est lorsqu’ils ont pris la décision de m’envoyer ici. C’était sans doute plus de leur sort à eux qu’ils s’inquiétaient finalement… mais voilà, voilà ma vie pleine d’aventures et de joies. Pathétique non ? Je peux y aller ? »