give me a fuck*ng break.

MR HELLSING : « Bonjouuuuuuuuuuur ! »
VOUS : « *Ce n’est pas un fouet caché dans sa manche, ce n’est pas un fouet...* Salut, elle est bizarre votre moustache. »
MR HELLSING : « Alooors ! Nous allons donc pouvoir commencer ! »

Un quart d'heure suite à la sulfureuse rencontre avec un psychologue loufoque (& sado-maso), arrivent les questions dites sérieuses.

MR HELLSING : « Qu'est ce qui vous amène donc ici? »
VOUS : « Je sais pas tellement ce qui m’amène ici, j’ai pas fais des tas de conneries dans ma vie, mais j’en ai fais quelques unes, comme tout les mômes de mon âge, celle-ci était sans doute la plus grosse. Je sais pas si c’est l’acte en lui-même ou la préméditation de cet acte qui me fait dire que c’était une bêtise, mais le pire dans cette histoire c’est sans doute les regrets qui l’accompagne. Il y a des jours ou je me dis que merde, j’étais bien chez moi à Brownfield, avec mes parents qui peut-être étaient cons et vieux jeu mais qui en tout cas, m’auraient jamais fourré dans cette affaire. Je dis ça, mais je crois bien qu’inconsciemment, j’étais l’un des commanditaires, je suis un motivateur de troupes, et j’additionne l’offre de boissons à tout ça. Je pousse même des cris, pour augmenter l’allégresse, et j’abuse. J’use aussi, parce que comme je le disais, c’était une mauvaise idée de se barrer dans cette vieille caisse pourrie avec rien d’autre que des monster munch. L’argent, ça fait peut-être pas le bonheur, comme on dit, mais ça fait beaucoup, beaucoup d’autres choses, et nous, c'est-à-dire, moi et mes deux autres potes, et bien, on en a pas. On s’est barrés dans un mini-van, merde ! On a largué une vie, des proches, une existence paisible et des habitudes, pour une aventure qui nous semblerait irréelle, tant elle devait être fantastique. Je suis pas le genre à mettre des mots sur les regrets, mais j’en ai plein le cul de ce sang sur mes mains quand même, c’est comme une plaie béante dans ma vie que je parviens pas à faire guérir. Et plus je la lèche, plus elle saigne. Je suis quelqu’un de joyeux, monsieur, ça ce voit tout de suite, je suis même un débauché, si le monde m’entend, mais je suis un écorché, monsieur, et le cacher c’est pire que tout. Mes parents ne me manquent pas, mes anciens amis ne me manque pas, mais on a crevé les pneu dans ce bled, et vous, vous êtes psychologue tandis qu’on se traîne dans la boue comme des cow boy du 21ème siècle. Je voyais des rêves à la télévision, j’entendais l’avenir dans des conversations, et je m’imaginais, à tords peut-être, qu’en partant dans ce van qu’on avait tout de même mit quelques années à s’offrir, qu’enfin j’allais être moi, plus moi que jamais encore je ne l’avais été. Résultat, je suis moi, mais tanné sous le soleil, la langue qui bientôt pendra et des souvenirs qui lentement se changent en regrets plein la tête. Je ne sais pas ce qu’en pense Tyler et Romy, mais moi, merde, je crois que j’en crève. »

MR HELLSING : « Qu'est ce que vous inspire ce ranch? »
VOUS : « Ce ranch ne m’inspire pas grand-chose de bon, en fait. J’ai jamais aimé le grand air plus que de raison, et puis, cette chaleur, ces animaux, tout cet entretient et ces efforts à fournir, c’est comme des défis à chaque minute. On m’a jamais sollicité tant que ça, surtout pas lorsque j’étais chez moi et que je ne m’occupais de personne à part de moi-même, alors bon, je suis encore perplexe quant à mon existence en ces lieux. Je ne veux pas dire que j’ai besoin de luxe, parce que c’est pas le cas, mais il y a un minimum à tout, et je ne suis pas encore certain qu’ici celui-ci soit dans mes critères. Je suis par contre assez charmé par l’idée de la liberté qu’on peut se faire en ces lieux, pas de barrières, pas vraiment de restrictions si ce n’est quelques ordres, je n’ai rien contre la discipline et je m’incline facilement face aux règles du moment qu’elles sont justes. Je pense que me faire à cette nouvelle vie sera une tâche rude, mais j’en ai plein le cul des échecs, et je voudrais seulement avoir l’ambition de faire de cette connerie une idée géniale, peut-être la meilleure que j’ai jamais eue. C’est difficile de se dire qu’il faut se mettre à l’effort et faire des efforts pour quelque chose qu’on regrette, mais c’est genre, pas insurmontable, et puis, je préfère me dire que je suis pas le seul à être dans la merde, en gros. »

MR HELLSING : « Je vois, je vois... Et en ce qui concerne votre passé? Votre enfance? Adolescence? Vos relations? Une anecdote? »
VOUS : « Mon passé, c’est pas quelque chose de terrible. Je ferais jamais partie de cette majorité de personnes qui se disent malheureux des choses qu’ils ont pu vivres. Personnellement, je ne me souviens de mon enfance que des bons moments, quand mes parents m’emmenaient à Disneyland, ou qu’ils m’achetaient des glaces et des jouets absolument n’importe quand. Et aussi quand je faisais l’idiot avec Romy et Tyler. Je ne sais pas exactement depuis quel âge on est amis, tout les trois, j’ai cessé de compter les années, peut-être que c’est une mauvaise chose et qu’ils le prendraient mal, mais j’ai jamais fais grand cas de ce que pouvaient penser les autres. Je dirais que j’avais environ cinq ans, quand j’ai rencontré Tyler, parce que c’était mon voisin, et qu’on jouait tout les jours dans le parc en face des bâtiments ensembles, et puis ensuite, à six ans, on avait tout les deux rencontrés Romy. C’était pas une fille facile, même à cet âge là, et elle donnait déjà envie qu’on lui mette des gifles, mais je voyais mon reflet en elle comme je le voyais dans personne d’autres, surtout pendant mon adolescence.
Ma mère disait jamais grand-chose, parce qu’elle était réservée et se gardait bien loin de tout conflits, mon père, lui, me faisait essuyer mes fautes constamment, et lorsque j’avais quelques succès, il me remettait vite en tête tout mes échecs et me rappelait combien je n’étais jamais assez bon.
J’avais un grand frère, mais à cause de quelques démêlés avec la justice qui ont ternis la réputation de nos géniteurs, je ne l’ai plus jamais revu. Et moi, eh bien, je passais mon temps avec des copains, en soirée. Oh, l’alcool c’est pas forcément mon truc, je suis plutôt cigarette, et je pense, à raison, que j’en consomme beaucoup trop, mais quand bien même on me ferait la remarque, je n’arrêterai que lorsque j’y serais véritablement contraint. Piètre philosophie de vie qu’est la mienne, et je ne pense pas que ce soit à cause du vécu, parce que pour tout vous dire, j’estime pas avoir vécu grand-chose, si l’on met à part les blessures mentales, et par là je veux pas dire que je suis un fou allié, seulement qu’on m’a bourré le crâne avec des choses fausses et que du coup, j’en suis arrivé là. J’en suis au point ou foutre ma vie en l’air me donne simplement des regrets alors que ça devrait me donner envie de me flinguer moi-même. J’avais peut-être un avenir, au contraire de ce que mon père disait, et si c’était le cas, aujourd’hui c’est gâché. Je ne sais pas ce qu’il m’arrivera ici, mais quoi qu’il en soit, je pars perdant.
Si je devais maintenant vous parler des gens que je considère, ceux qui comptent, je n’aurais que deux personnes à vous présenter. C’est pas énorme, mais ça me suffit. Premièrement, Tyler, qui est un mec qui jamais m’a lâché, de ma vie entière. Les mêmes choix, les mêmes goûts peut-être aussi, et puis, il n’a jamais fait quoi que ce soit de travers envers moi, et je crois que c’est pour cette raison qu’on est toujours amis. Je ne suis pas toujours très loyal, ni très fair-play, mais il finit toujours par me pardonner mes écarts, et je ne considère pas forcément ça comme une faiblesse, même s’il fut un temps j’aurais considéré que cela aurait été le cas.
Deuxièmement, Romy. Je n’étais pas préparé à m’attacher à elle à ce point. Dès notre première rencontre j’ai su qu’elle était prête à tout, dans n’importe quelle circonstance. Mais je n’ai jamais fais cas de ses excentricités, je me contentais surtout de faire comme si elle était invisible, au début, et me moquait d’elle dans son dos dès lors que je le pouvais. Puis après quelques conversations qui ma foi, furent intéressantes, parfois même drôle, j’ai appris à la connaître et depuis ce jour là, elle n’est plus simplement le fantôme qui nous suit partout. Elle fait partie de notre petite bande, et c’est pas plus mal. Parce que, qui me ferait la morale ? Qui me remettrait dans le droit chemin ? Qui m’insulterait avec le sourire ? Quand bien même il y aurait une autre réponse que son prénom à ces questions, je ne voudrais pas l’entendre. Je crois que c’est tout, je vais m’arrêter là.


»