Give me more, handsome boy. [ MATOLAS ]

Quelle soirée. Il n’en avait pas autant profité qu’il l’aurait espéré. Bah, il s’y était attendu avec cet bande de morveux. Il avait dû constamment les surveiller, et mettre au pieu ceux qui n’arrivaient plus à tenir debout. Quelle idée de les avoir laissés boire autant. Bah, cela lui avait permis de repérer ceux qui tenaient bien l’alcool, et ceux qui, au contraire, ne le tenait pas du tout. Mais après leur couchés, pour la plupart, il se laissa choir dans le salon, sur l’un des fauteuils, un verre de tequila à la main. Ne pensant à rien d’autre qu’à ingurgiter un certain nombre de verres, en fait. Il avait passé une rude journée, constamment sur leur dos, à leur donner des instructions, à les « aider » dans les corvées. Certains ne savaient même pas balayer. Il trouvait cela écœurant. Écœurant de devoir être si dépendant d’autrui. Même s’ils se disaient être généreux, au final, ils étaient comme tous les riches, égocentriques à souhait qui ne pensaient qu’à leur cul et leur bien être. C’était pitoyable. Il n’avait vraiment rien contre eux personnellement, même, il en connaissait pas mal des bourgeois, des riches au jet set, mais leurs comportements n’allaient pas forcément avec leur bonnes esprits. Et ils ne s’en rendaient pas forcément compte. Ce qui était dommage, car certains avaient plutôt bon fond. Si ce n’est tous. Mais il ne pouvait le leur dire, à chacun sa découverte de soi-même.

Il sentit une chaleur soudaine l’envahir. Certainement les effets de la tequila. Il se leva, puis sortit. Il ne pouvait plus du bruit restant, de ceux qui tenaient encore debout et qui continuaient de danser, de s’amuser, minuit passé. Lorsqu’il sortit de la maison, la nuit le happa, le fouettant de son vent frais, soulevant les quelques mèches de cheveux qu’il avait encore. Comme toujours, le tapis sombre au dessus de sa tête était étoilé, avec une très belle lune éclairant peu de choses, mais tout de même, assez pour voir à peu près qu’il n’y avait personne aux alentours, pour le moment. Ses yeux s’habituèrent doucement à l’obscurité douce qui l’avait enveloppée. Et puis il connaissait l’endroit par cœur. Il ne savait où se diriger, c’est peut-être pour cela qu’il n’y réfléchissait pas spécialement, qu’il se dirigea vers l’enclos.
Il espérait que personne ne l’avait suivi, il n’avait aucune envie de se retrouver dans un mauvais état, devant l’un de ces connards. Surtout qu’il n’était plus tout à fait dans son état normal. Déjà chancelant, il continuait néanmoins sa bouteille, et plus tout à fait avec un verre, mais directement. Sa gorge était en feu, mais s’il ne sentait plus rien. Il avait l’impression d’être dans un autre monde, une autre sphère...Lui et les effets de l’alcool, une longue histoire d’amour. Lorsqu’il « rouvrit » les yeux, ou du moins pris conscience où il se trouvait, il se rendit compte qu’il était dans l’enclos. Et puis c’est là qu’il commença à chanter, se rendant à peine compte de ses mots, qui filaient à travers sa bouche, menés par le vent vers des oreilles peut-être plus proche qu’il ne l’aurait cru :

Écoutant c’que lui dit la belle,
Le bleu ôta l’préservatif,
Et se couchant tout nu sur elle,
Dans son p’tit trou il mit son vit,
Le bleu déchargeant,
Dit en gémissant,
Au diable la capote anglaise,
Et tous les conseils de Papa,
C’est bien meilleur lorsque l’on baise,
Enlacé dans d’aussi beaux bras

Une chanson qui le faisait bien rire, et qu’il aurait détesté chanter dans d’autres circonstances. Mais là, au clair de lune, il ne s’entendait même plus, il avait l’impression d’être ailleurs, dans un délire totalement à lui. Depuis le temps qu’il ne s’était pas laissé autant aller, il se devait bien ça. Sorte de récompense peut-être, pour tous ses efforts.

Zjak ne savait pas vraiment ce qui se passait. Il avait laissé ses pulsions agir, par instinct, il s’était jeté, précipité, vers Isaac, se retrouvant en moins de deux sur lui, d’une façon très étrange. L’alcool lui faisait faire des folies parfois, mais là, ce n’était pas forcément l’alcool qui avait agi. Non, il avait disons, plutôt agi de lui-même, ayant pressenti un besoin de le faire, et l’occasion n’aurait certainement pas été présentée une seconde fois. Il aimait saisir les choses à l’instant, sans réfléchir. A quoi bon, de toute façon ? Vivre de plaisirs instinctivement sans avoir aucune morale, sans conscience aucune. Être libre, ouais, c’était une forme de liberté pour lui. Et puis avouons qu’il n’avait pas le temps de réfléchir aux conséquences...surtout si ceux-ci n’en seraient que plus jouissifs. Alors les hésitations, il s’en branlait pas mal. Et puis étant bourré, et trouvant la chose très plaisante, il n’hésiterait pas non plus à faire pire... Ce mec se posait devant ses yeux comme un appel au viol. Ouais, il n’hésiterait pas, là encore. Même si c’était dégueulasse. Après tout, il n’avait qu’à pas être si bien foutu, pardi !
Il reprit ses esprits lorsqu’il se sentit basculé sur le côté, la voix grave l’extirpant de ses vapes. Un rire s’échappa de sa gorge, amusé. Il s’était laissé aller, un peu loin du jeune homme, il laissa ses yeux se fermer tous seuls. C’était une nuit agréable. Le vent frais lui faisait un bien fou, il rouvrit les yeux, les laissant pénétrer le tapis d’étoiles, se laissant aller dans cette contemplation magnifique. Et puis il s’en lassa, détournant son regard, qu’il porta sur le côté...du côté d’Isaac. Ce garçon qui semblait être égale à lui-même, fort, charismatique, attirant. Il ne le niait pas, il avait envie de lui, de toute façon. A quoi bon refouler ses attirances ? Et puis la situation ne semblait pas lui déplaire, à lui non plus. Mais Zjak n’était pas assez sobre pour le confirmer, seulement un pressentiment, là encore. Il se rendit compte qu’il n’avait pas répondu à ses bribes de mots, dont il se souvenait à peine. Il n’en prit pas la peine, il n’avait aucune envie de parler, mais plutôt agir.
Un sourire se dessina sur ses lèvres. Il détailla le moindre trait du jeune homme. Ses traits d’homme viril, sûr de lui. Qu’est-ce qu’il donnait envie, n’empêche. Et puis soudainement il le sentit s’approcher. En deux secondes, il avait prémédité son acte et fut quelque peu étonné du geste soudain, agréable délicatesse sauvage. Ses lèvres s’entrechoquèrent aux siennes, il les laissa faire leur travail, l’attirant contre lui, pressant son corps contre le sien. La suite des évènements risque d’être plus palpitante que prévu...une nuit d’amour charnel, comme une autre.