ADRA ▬ Love More Than Never

MR HELLSING : « Bonjouuuuuuuuuuuuur ! »
VOUS : « ...la vôtre doit être redoutablement plus pure que la mienne, hein. »
MR HELLSING : « Alooooors ! Nous allons donc pouvoir commencer ! »

Un quart d'heure suite à la sulfureuse rencontre avec un psychologue loufoque (& sado-maso), arrivent les questions donc sérieuses...

MR HELLSING : « Qu'est ce qui vous amène donc ici ? »
VOUS : « J'ai une question pour vous, moi aussi. Pourquoi les gens posent-ils toujours des questions ? Pourquoi diable ressentent-ils le besoin d'interroger ceux qu'ils côtoient comme pour en sonder les plus profondes abysses ? Qu'est-ce que... Pourquoi... Comment... J'ai répondu toute ma vie durant à de telles formulations et j'en reviens toujours à formuler les mêmes réponses, quasi mécaniquement. Est-ce que vous voulez réellement savoir pourquoi je suis ici ? Est-ce que cela a véritablement la moindre importance ? Supposons un instant que je vous dise m'être égaré jusqu'ici à la faveur de Dieu. Non mais supposons !... bien sûr que je n'ai jamais mis les pieds dans une église. Eh bien, vous en satisferiez-vous ? Cela aurait-il le moindre impact sur votre manière de me voir ? Si je porte une croix et le livre le plus vendu de tous les temps, vous m'accepteriez plus facilement ? Alors pourquoi posez-vous la question ? Vous ne le savez même pas tout simplement parce que vous l'avez bêtement écrit sur une feuille que vous donnez systématiquement aux gens que vous rencontrez. J'ai l'air de pouvoir être disséqué par un petit formulaire ? Pourquoi dire non alors que votre intention montre que si ? Vous voulez que je vous dise quelque chose ? Quelle que soit la raison qui m'a mené ici, probablement la détestez-vous désormais. [...]
Il y a un peu de Roméo & Juliette dans toutes les histoires d'amour ; un petit quelque chose d'impossible, d'insurmontable, et de magnifique dans sa fureur et sa dépravation, parce que Shakespeare est le seul qui ait su déposer l'amour sur papier. Je suis irlandais, certes, mais je ne suis pas fondamentalement anti anglais pour autant, et cet homme est le génie en son art. En tous les cas, personne mieux que lui n'a su transmettre par l'art la vérité fondamentale qui décide de nos vies et des changements qui les parcourent. Oubliez les carrières, les catastrophes, les petits désagréments qui viennent parasiter les existences faciles, oubliez ces détails futiles qui s'envolent comme le sable sous le vent, tout cela n'est rien en comparaison de la capacité que chacun a d'aimer. Le fait que loin des grands drames qu'il a dépeint, j'ai vécu moi aussi cette petite part de scène dans le morne théâtre de mon existence. J'ai un peu été Roméo, avec cela que, sorti des ghettos, je n'ai ni sa naïveté, ni sa faiblesse. Et c'est la raison pour laquelle mon chemin s'est perdu jusqu'ici. En tous les cas, je crois. Et il vous faudra vous contenter de ce roman dément auquel vous ne comprenez rien, et c'est bien normal... c'est étonnant, après tout, un irlandais sorti de sa banlieue difficile capable de manier la langue de Shakespeare. »

MR HELLSING : « Qu'est ce que vous inspire ce ranch ? »
VOUS : « Je suis amoureux des grands espaces, les choses sont ainsi faites. N'importe quel papier d'état civil vous signifiera que j'ai grandi dans les quartiers pauvres de Dublin, ce qui m'a forgé une image assez redoutable de l'urbanisme citadin. J'aime mon pays comme j'aime sa capitale, et je me sens complètement et irrémédiablement irlandais dans mon coeur comme dans mon sang, mais il n'empêche que j'aurais aimé naître au coeur des plaines australiennes, ou même dans les Highlands écossais, avec cela que ce serait bien plus humide, certes, il est vrai. Toujours est-il que c'est pour moi un lien empli d'une fine poésie dont j'aime découvrir les vers. [...]
Mon appréciation est d'autant plus vive que j'ai choisi de venir ici. En tous les cas, mon chemin a été ainsi dessiné que je n'accorde pas tout à fait au destin ma présence en ces lieux. J'aime cet espace, je m'y sens bien et il m'offre tous les fruits dont j'aime me nourrir au jour le jour. Je crois aussi que ce ranch me donne la sensation de démarrer quelque chose de nouveau ; certes pas de définitif, mais de constructif et de changeant, bien loin de la misère, des impossibles et des limites. Mes limites, je les trace seul. »

MR HELLSING : « Je vois, je vois... Et en ce qui concerne votre passé ? Votre enfance ? Adolescence ? Vos relations ? Une anecdote ? »
VOUS : « Je n'ai pas pour habitude de décliner mon numéro de carte bancaire au premier venu, vous l'ignoriez ? [...]
A Dublin, il y a un établissement psychiatrique, du nom de St Patrick. Oui, bien sûr, beaucoup de lieux portent ce nom, mais un seul institut pour jeunes délinquants. J'ai grandi entre la maison de ma mère et cet endroit ; si mon enfance et mon adolescence vous intéressent réellement, vous y trouverez probablement tout ce qui vous intéresse. Parce que c'est jouissif, n'est-ce pas, de tout connaître d'un individu ? De son histoire à son profil psychologique, de ses faiblesses à son casier judiciaire ? Si vous flirtiez avec ces quelques pages, vous y verriez sans doute des choses qui vous dissuaderait de m'accepter. Peut être parce que je suis pire que tous les pensionnaires que vous accueillez contre leur volonté, pour leur part. La vérité ? Oui, peut être y a-t-il une part de vérité là-dedans, ou peut être que je mens complètement, personne ne peut réellement le savoir et, entre nous, je ne tiens pas à éclaircir cette histoire. La mienne. Comme je vous l'ai dit, si cela vous sied tant d'exercer votre curiosité sur moi, rendez-vous donc à St Patrick... en admettant qu'ils vous laissent ressortir une fois entré. [...]
Pour ne pas paraître trop sectaire et trop mystérieux, je vous avouerai volontiers que je n'ai pas eu une enfance difficile. Bien sûr, vous l'avez probablement deviné, et rien que la manière dont je m'habille, me comporte et vis au jour le jour témoigne de mon revenu aussi inexistant qu'il est inutile. Mais j'ai toujours vécu ainsi, sans le sou, et je n'ai jamais eu besoin de la pitié de quelqu'un, de sa bienveillance ou de ses dons. Pour beaucoup, il est triste d'admettre que j'ai été élevé par la force de la rue, à la force de mes poings, dans autant de larmes que de sang, mais il y a tellement de jeunes qui grandissent avec encore moins que cela, dans des situations encore plus précaires, sans la moindre éducation, sans la moindre demeure et sans le moindre entourage. Je passerai certainement du temps à me plaindre de n'avoir pas été épargné par la pauvreté, la maladie, le chômage et la dépravation en tout genre, autant que je pourrais déplorer la prostitution de ma mère et l'exécution judiciaire de mon père - aussi appelée peine de mort - mais cela ne m'aiderait pas, et ne me ferait guère avancer. Je n'ai plus vu ma mère depuis dix ans, au moins, et peut être est-elle morte, peut être a-t-elle honte de moi, peut être s'est-elle elle-même donnée la mort de ne plus revoir paraître son fils sur le pas de sa porte, mais quelle diable importance ? Mon histoire est parsemé d'autant de peut être que j'en referai ma vie si je les mesurais un à un à leur juste valeur. Mais quelle futile perte de temps ! J'ai vingt cinq ans, je suis en bonne forme, je me trouve dans un pays sublime où ma solitude n'est rompue que par amour et où l'indiscrétion n'est l'oeuvre que d'une conscience professionnelle profonde. [...]
Si encore la drogue, la violence et les autres faits de perversion avaient eu raison de moi, mais guère... non, rien ni personne, pas même vous, n'a encore eu raison de moi. »

Obligé de la refaire, je n'aime pas me moquer du monde... pis, c'est tellement plaisant de refaire sa présentation.
Non mais sérieusement... moi, ça m'éclate.
Bref !

Thank's everybody !