LANG; Istvan Aloïse •• Your most delightful nightmare

MR HELLSING : « Bonjouuuuuuuuuuur ! »
VOUS : « ... »
MR HELLSING : « Alooors ! Nous allons donc pouvoir commencer ! »

Un quart d'heure suite à la sulfureuse rencontre avec un psychologue loufoque (& sado-maso), arrivent les questions dites sérieuses.

MR HELLSING : « Qu'est ce qui vous amène donc ici? »
VOUS : Qu'est-ce qui m'amène ici ? Je sais pas, j'avais envie de changer d'univers un peu, vous voyez le genre ? Je me suis dit, tiens, pourquoi pas aller me perdre au fin fond de l'Australie dans un endroit paumé au milieu de nul part histoire de perdre mon temps avec des chevaux, animaux que je ne supporte pas. Selon vous, qu'est-ce qui peut m'amener ici ? Comment ça c'est pas à moi de poser les questions ? Très bien, admettons. Alors, pourquoi suis-je ici ? Parce que comme vous le savez le port d'armes est légal aux Etats-Unis, et un genre j'ai eu envie de voir un revolver d'un peu plus près, j'ai pris celui de papa, je suis allée au lycée comme tous les jours, et puis quand les gens m'ont énervée, j'ai sorti le revolver, j'ai tiré sur tout ce qui était près de moi, j'ai blessé quelques élèves, et la Directrice. Oh ne vous inquiétez pas, ils ne sont pas morts, hein. Quoique certains l'auraient bien mérités mais apparamment je manie pas l'arme à feu assez bien pour le moment. Satisfaite maintenant ?

MR HELLSING : « Qu'est ce que vous inspire ce ranch? »
VOUS : Il est pourri. P-O-U-R-R-I, naze, vous voyez ce que je veux dire ? Vous vous doutez que je ne suis pas venue de mon plein gré dans ce ranch stupide. Mais vous comprenez, ou pas d'ailleurs, mes parents ont une certaine influence chez nous, et ils tiennent à leur image et leur réputation. Et avec une fille délinquante, difficile de conserver l'admiration de leurs pairs. Alors ils ont eu affaire à ce dilemme cornélien : notre fille ou notre réputation. Vous vous doutez que si je suis là, c'est parce qu'ils n'ont pas forcément fait le choix auquel on pourrait s'attendre. Vous voulez savoir franchement ? Ce ranch ne m'inspire aucune confiance, j'attends de voir ce qui va s'y passer. La seule chose qui me le fait apprécier un minimum sont les rencontres que j'y ai faites.

MR HELLSING : « Je vois, je vois... Et en ce qui concerne votre passé? Votre enfance? Adolescence? Vos relations? Une anecdote? »
VOUS : Parlons-en de mon passé. Qu'est-ce que vous cherchez à savoir ? Si vous n'avez pas une folle psychopathe en face de vous ? Si je n'ai pas eu un passé traumatisant, un drame familial qui m'aurait rendue dingue ? Désolée de vous décevoir, mon passé n'a rien d'exceptionnel, la seule chose d'exceptionnelle sera mon futur. Mais puisque vous semblez y attacher tellement d'importance, alors allons-y, parlons de mon passé. Je suis née au pays du Soleil-Levant. J'ai vécu les 3/4 de ma vie là-bas, autant dire que j'y avais toutes mes racines. Jusqu'au jour où mon père, qui menait une brillante carrière de diplomate, a décidé de retourner chez lui, aux Etats-Unis. Et voilà qu'à 12 ans, je me retrouve avec une simple valise, obligée de quitter le pays qui m'a vue naitre pour atterrir dans ce monde factice que sont les Etats-Unis. Pour parfaire mon éducation, mes parents n'ont rien trouvé de mieux que de m'envoyer dans une stupide école privée hors-de-prix. Ils ne m'ont jamais comprise, ils pensaient que c'était ce que je voulais, me retrouver avec des crétins obsédés par leur image. Dès le premier jour dans cette école, j'ai su que je ne m'y plairais pas, et ça n'a pas manqué. Je suis devenue la bête de foire, celle dont tout le monde parle. Inutile de vous préciser que j'étais la nouvelle rivale des princesses hollywoodiennes, parce que leur copain bavait à chacun de mes pas. Mais je me fiche de tout ça, je me fiche d'eux, ils ne m'intéressent pas, aucun. Je passais la plupart de mon temps seule, à lire, à fumer, à écouter de la musique, j'étais une grande solitaire, ce que personne ne semblait comprendre. Puis j'ai rencontré une fille qui m'a changée. Je pensais qu'elle était la seule à comprendre qui j'étais réellement. Mes sentiments ont évolués; je crois que c'est à ce moment-là que j'ai pris conscience que je n'étais pas uniquement attirée par les hommes. Mais ça ne m'a pas dérangée le moins du monde, elle non plus n'a pas été choquée, nous sommes juste restées amies parce qu'elle n'était pas "comme moi". Et un jour, c'est elle qui a déménagé, et je me suis retrouvée seule. Les mois ont passé, je supportais de moins en moins cette école, beaucoup trop stricte, trop pompeuse. Je suis finalement arrivée à mes 18 ans, toujours élève dans cette école, toujours dégoutée par cet endroit. Alors j'ai comme qui dirait "péter un plomb". Mon père avait un revolver chez nous, pour se "protéger" soit-disant. Je savais où il le rangeait, alors un jour je l'ai pris, je l'ai amené là-bas. Personne n'en savait rien. Comme chaque jour, je me prenais des remarques désobligeantes, j'étais un peu l'exclue, vous voyez ? Mais cette fois-ci, je n'ai pas résisté, en plein milieu du couloir, j'ai sorti le revolver, et j'ai commencé à tirer. Pour la première fois dans ma vie, je contrôlais tout, j'avais le pouvoir de retirer sa vie à quelqu'un, de le laisser vivre, de faire mal. J'ai opté pour la troisième solution, j'ai blessé légèrement quelques personnes, rien de bien sérieux. J'ai blessé la directrice entre autre, une garce qui me haïssait & à qui je le rendais bien. Bien sur, après une telle histoire, ils n'ont eu d'autre choix que de me renvoyer, ce qui fut une bénédiction. Mes parents n'ont pas compris ce qui m'avais pris; bien sur, ils étaient trop égocentriques pour se focaliser sur autre chose que leur propre personne, encore moins sur leur fille. Ils n'ont pas vraiment su comment gérer la situation, alors ils ont fait des recherches, puis ils ont trouvé cet endroit, m'ont payé un billet d'avion et me voilà ici, à raconter depuis une demie-heure ma vie à un inconnu qui prend des notes et va s'empresser de mettre un sens à mes mots.

Maintenant que vous connaissez toute ma vie, je peux y aller ? J'ai des choses un peu plus intéressantes à faire.