MAHADOX • l'animal ne te décevra jamais, l'homme oui. END

MR HELLSING : « Bonjouuuuuuuuuuur ! »
VOUS : « Vous ne manquez pas d'enthousiasme...»
MR HELLSING : « Alooors ! Nous allons donc pouvoir commencer ! »

Un quart d'heure suite à la sulfureuse rencontre avec un psychologue loufoque (& sado-maso), arrivent les questions dites sérieuses.

MR HELLSING : « Qu'est ce qui vous amène donc ici? »
VOUS : « Est-ce que je vous ai demandé comment vous avez fait pour devenir un faux psy dans un ranch? Parce que rassurez moi, les psy n'ont rien a foutre dans des ranch pourri au milieux de la cambrousse ? Je vais vous dire, je n'ai rien contre les ranch, j'ai moi-même grandit dedans, mais ici, nous ne sommes certainement pas assez civilisé pour vous, ou alors, vous aimeriez tellement en devenir un que vous prétendez l'être. J'ai une autre question ; Arrive t-il au psychologue de peté ? D'accord c'était une plaisanterie, enfin en partie...détendez vous un peu... Je suis ici parce que comme je vous ai dit précédemment, j'ai grandit dans un ranch au beau milieu de l'Irlande. Jusqu'à mes 17 ans, ensuite, nous avons du revendre le ranch, mon père avait des problèmes d'argents et ça allait de plus en plus mal pour notre famille. Nous avons donc quitter notre pays pour venir jusqu'ici, en Australie. Lorsque mon père a vu cette annonce, il m'a vivement conseiller de rentrer ici, histoire de renouer les liens avec les fantômes du passé, ou peut-être que cela m'aidera à arrêtez d'y penser, et partir sur un nouveau départ. »

MR HELLSING : « Qu'est ce que vous inspire ce ranch? »
VOUS : « Je m'y attendait, je dirait que c'est un mélange étrange... c'est à la fois un retour dans le passé, le souvenir de mon enfance, et mon pire cauchemar. C'est vous qui avez eu la brillante idée de mettre des jeunes aussi pitoyables les un des autres? On est beaucoup trop différents pour que ça colle, pour la simple et bonne raison que je viens de la campagne et eux de la ville... J'aime cette endroit, mais je ne saurait certainement pas vivre avec de tels énergumènes... Mais attendez un peu... Humm. Finalement je sens que ça va être marrant, je crois bien que je vais les faire souffrir ces petits fils a papa, je vais leur montrer ce que c'est un ranch digne de ce nom... et tous les petits inconvénients qui vont avec. Pardon? Vous avez dit quelque chose?»

MR HELLSING : « Je vois, je vois... Et en ce qui concerne votre passé? Votre enfance? Adolescence? Vos relations? Une anecdote? »
VOUS : « Je me souviens encore comme si c'était hier ; cette odeur de paille fraîche, ce pelage doux comme de la soie, cette respiration haletante, le frottement de la brosse contre sa crinière...C'est idiot, pour certain cet endroit avait tout de repoussant, de frustrant, moi j'aimais ça. Je ne cessais de poser mon oreille contre ses narines, son souffle était ma mélodie, ma berceuse. Lorsqu'il a vu le jour, je n'étais moi aussi qu'une enfant, nous avons grandi ensemble, mais bien entendu il grandissait beaucoup plus vite que moi. Ma mère n'a d'ailleurs jamais été enthousiasme à l'idée que je sois aussi proche d'un animal aussi imposant, plus il grandissait et plus il avait cette force capable de me mettre en bouillie - c'est l'expression qu'avait ma mère lorsqu'elle en parlait à mon père - et pourtant, j'ai toujours eu confiance en lui. J'avais beau être la petite la plus épanouie du village - à qui d'ailleurs on jetait des regards suspects, certainement à cause de mon enthousiasme constant - cette bête m'avait rendue seule, ou plutôt, m'avait poussée à couper le contact avec les autres enfants. Pour moi, ils étaient méprisants, sadiques et méchants, je détestais leurs rires enfantins et moqueurs quand un autre enfant avait le malheur de tomber ou de se faire mal, leur façon de montrer les autres du doigt et de choisir lequel il pouvait exclure du groupe, ou encore lui rendre la vie dure. Lorsque j'étais à l'école, je n'entendais plus rien, j'étais dans mon monde à moi, celui dans lesquels mon animal courait autour de moi. A l'âge de 10 ans, mon père a enfin compris que ma place n'était pas parmi ces gens, il a donc décidé de m'arracher à l'école pour me donner des cours particuliers, sous les ronchonnements de ma mère.


J'avais enfin eu ce que je voulais depuis toujours, l'herbe fraîche des prairies, l'odeur de la paille, mon cheval et mon père. Je grandis ainsi jusqu'à mes 16 ans, j'avais beau être heureuse, vivre coupé du monde n'avait fait que me plonger de plus en plus dans la solitude, jusqu'au jour ou tout bascula. C'est étrange, j'ai l'impression de ressentir encore aujourd'hui cette odeur de sable battu, étrange n'est-ce pas ? » La jeune fille s'arrêta un instant et regarda ses pieds, depuis le début de l'entrevue, elle s'était plongée dans son enfance, à présent elle avait retrouvé la réalité ; cette chaise dure sur laquelle elle était assise et ce bureau glacial qui frottait contre ses jambes. Elle avait peur à présent de revenir sur ce passé, mais c'est en inspirant profondément, avec se même sourire aux lèvres qu'elle reprit lentement. « J'étais dans l'enclo, ma bête était désormais une grande et imposante jument, sa crinière flottait au battement du vent, ses pattes se crispaient à ses mouvements, elle était belle et pleine de caractère, un sacré caractère d'ailleurs. Je m'amusais à la poursuivre, à la faire tourner en rond pour dégourdir ses pattes, j'aimais cet instant avec elle, et elle aussi. Lorsqu'une voix dans mon dos vint nous interrompre.

« C'est une belle bête » avait-il prononcé d'une voix confiante et étrangement sereine.
« Merci » Il s'échappa comme un souffle glacial, je ne pris pas la peine de me retourner.

Il fallait dire que j'avais l'habitude des inconnus, dans un ranch, il y avait beaucoup de visiteurs ou d'acheteurs. Cette voix inconnue ne me surpris donc pas, elle me gênait à peine. À vrai dire je détestait lorsqu'on se mêlait de choses qui ne nous regarde pas, ou plutôt que l'ont faisait irruption dans ma vie, mais ça je ne voulait pas l'admettre, car cela aurait donné raison à ma chère mère qui prétendait que ma jument me rendait anti-sociable. Elle n'avait pas tort, c'est vrai, mais à cette époque, cette hypothèse était encore enfuie en moi.

« Comment s'appelle-t-elle ? »
« Flyzka » je prononçais ses mots avec exaspération, je n'aimais pas le contacte avec les autres, et il le comprit, parce qu'ensuite, il me regardait en silence, un sourire discret aux lèvres. J'avais presque oublié sa présence lorsqu'une autre voix plus grave vint attirer mon attention.
« C'est une très belle bête effectivement, elle n'a plus sa jeunesse, mais son caractère se lit dans ses yeux, elle est incroyable ! Je pense que c'est une bonne affaire... »

Ses derniers mots résonnèrent en moi comme un écho, je me retournai vers cet homme, mon père se tenait à côté, il dut lire cette peur dans mes yeux parce qu'il commençait déjà avec ce mot qui signifiait qu'il fallait que l'ont discute ; « Ma chérie... ». Flyzka était intelligente, et elle avait dû comprendre aussi à la façon dont je l'avais agrippée, des larmes chaudes perlaient mes joues d'une vitesse incroyable, je voulu monter ma jument et m'enfuir a toute vitesse, mais mon père s'était déjà emparé des reines.

« Vous ne me l'arracherez pas, elle n'est pas à vendre, elle est à moi ! Ne l'approchez pas espèce de misérable ! »
« Mahadox cesse cela tout de suite ! Nous n'avons pas le choix... »Son ton c'était adouci, et pourtant mes cris fendaient toujours l'air, je vis l'homme approcher ses mains de ma jument, celle-ci se braqua et mit toute la force nécessaire pour se dégager de son emprise, ses sabot frappèrent le sol et le sable épais et humide se jetait dans tous les sens, mais face à des barres d'aciers, elle ne faisait pas le poids. Et moi non plus je ne faisais pas le poids contre mon père, j'avais beau me débattre, frapper, hurler jusqu'à en déchirer mes entrailles, rien n'y faisait, je sentais toujours ses bras fermes contre ma poitrine. Nous étions toutes deux désespérées je sentais sa tristesse comme elle ressentait la mienne, elle aussi se débattait, et lorsqu'on la mit dans la remorque, j'entendais encore ses sabots contres les parois. C'est lorsque la voiture quitta le ranch que mon père lâcha son emprise, et je couru de toutes mes forces après ma bête, mais elle était beaucoup trop loin, alors je m'assombris sur le béton, à bout de souffle mon coeur frappait contre le sol, je me sentais partir, tous tournaient autour de moi, mes larmes coulaient toujours contre ma peau, j'étais trempée, trempée de sueur et de larme, mon monde basculait, s'anéantissait et le noir s'empara de mon esprit. »



C'est idiot, jamais je n'aurais imaginé la suite, je croyais que mon monde s'était écroulé sous mes pieds. On me reprochait beaucoup de choses par rapport à celui-ci, mais il ne faut pas oublier que je n'ai connu que celui là depuis mon enfance. Comment expliquer à une adolescente sans plus aucun repère, qui n'a jamais quitté son territoire de plus de 2 kilomètres qu'il y a autre chose au travers les paysages qu'elle a toujours vus ? Je n'étais pas retardée, je n'étais pas immature au contraire, j'étais seulement méfiante des autres, dégoutée de l'être humain, j'avais donné ma vie, mon âme à un animal qui m'avait été arraché. Je ne me souviens pas de cette passe qui a duré quelques semaines, j'étais sans doute refermée sur moi-même, la seule chose dont je me souviens encore, c'est les instants passés seuls dans la grange, à essayer de renifler l'odeur de flyzka, a dormir dans la paille, elle me démangeait, me griffait, mais je m'en foutais. Et puis c'est ce jour où il est revenu qui reste gravé dans ma mémoire, je ne pouvais pas croire qu'il ait osé revenir, j'étais toujours dans la grange, assise dans son box, le regard vide.

« Tu sais... tu peux venir la voir si tu veux » Sa voix étant toujours sereine, et pourtant légèrement tremblante.

Mon regard a sans doute du lui faire peur, parce qu'il a reculé d'un pas. Il a fallu quelques secondes pour faire sortir le son qui restait coincé dans ma gorge, quand j'ai réussi, ma voix était rauque, étrange, comme si je n'avais plus parlé depuis des lustres.

« Tu n'es pas le bienvenu dans ce ranch, et encore moins dans cette écurie, tu m'as arraché l'âme que j'avais confié à ce cheval, et tu oses revenir ici ? »Et il est parti.

C'est après que j'ai réfléchis à ses mots, il m'a fallu plusieurs jours pour trouver le courage de me déplacer jusque là, ou plutôt d'entrer dans le nouveau monde de Flyzka. Et quand j'y suis entrée, une satisfaction envahit mon être, parce qu'elle non plus n'avait pas accepté son nouveau monde sans moi. C'était une belle après midi pour un automne, il ne faisait pas chaud mais doux, avec ce ciel sans nuage, ce ciel bleu d'Irlande. J'ai poussé la barrière de la demeure, j'entends encore ce vieux grincement. Elle était là dans son nouvel enclos, il y avait plusieurs hommes autour d'elle pour essayer de la contrôler, elle était une furie, une vraie bombe a retardement. Lui, il était là, attendant le moment propice pour la monter, et quand elle a dû se stopper de force il l'a fait, sans méfiance, alors que quelques secondes plus tard, il était allongé dans le sable, se frottant la tête qui venait de se cogner contre le sol, ma jument elle, avait son regard satisfait elle aussi, on pouvait presque apercevoir un sourire narquois. Je me suis approchée sans un mot, je suis rentrée dans l'enclot, et son souffle s'est apaisé. A son contacte je pouvais sentir nos deux coeurs battre, je lui chuchotais des mots pour la calmer, ses sabots frottaient le sable, et nos yeux se sont fermés. J'ignore combien de temps cela a duré, mais pour moi, cela semblait une éternité.

VOUS : « Vous pouvez jouer les psychologues si vous le désirez, mais un vrai psy aurait eu l’amabilité de me proposer un verre d’eau, un café, ou autre chose pour me déshydrater car il aurait eut le talent de voir a quel point j’en ai besoin. Et tant qu'on y est, épargnez moi la phrase "J'ai une crase dans l'oeil" quand vous aurez remarquer votre petite larme prête a tomber. »


Une année a passé comme cela, j'apprenais à Ébrrân - c'est comme ça qu'il se nommait - à monter la jument, pendant qu'il m'apprenait à m'ouvrir aux autres et je dois dire que c'était efficace, j'étais devenue une autre personne, ouverte et souriante et pourtant indépendante, j'avais ce caractère dure que l'ont retrouvait dans ma jument, il m'offrait aussi quelques instants seule avec Flyzka, c'était notre bonheur a toutes les deux, et certainement sa récompense pour se laisser monter. Elle aussi avait changé, elle devenait de plus en plus âgée et fatiguée, mais elle n'avait pas perdu son caractère bien trempé. J'avais offert une partie de moi à quelqu'un d'autre que ma bête - qui n'était plus mienne au sens propre - cela signifiait a quel point j'avais évolué. Et maintenant que j'y pense, je lui avais donné beaucoup plus qu'une partie de moi, notamment ma virginité. J'avais 17 ans, il en avait 18. Cependant, je savais que le bonheur n'était pas éternel, qu'il fallait une fin à tout, et surtout qu'une vie était mortelle. Mais je ne voulais pas affronter la vérité en face et 'est par une nuit d'orange que le la réalité m'a rattrapé par un coup de téléphone.

« Maha c'est Éb', il y a un problème avec Flyzka, elle... »
« J'arrive ! »

Je ne pouvais pas penser à l'impensable et pourtant je n'avais pas le choix, c'était peut-être simplement un microbe, une petite maladie, il fallait juste un petit quelque chose pour la remettre sur pied...Il pleuvait des cordes ce soir-là, il faisait intensément noir et seul les éclairs pouvaient nous éclairer, même la lune était invisible. Quand j'arrivais à destination, ma jument était couchée dans la paille de son box, elle était trempée, sa respiration haletante, elle avait des spasmes et ses yeux étaient entrouverts. Quand elle me reconnu elle eut un mouvement sec pour se relever, mais son corps était trop lourd pour le peu de force qui lui restait. J'étais silencieuse et la deuxième fois de ma vie deses larmes coulaient sur mon visage, je posai ma main sur son pelage remplis de sueur, elle était brûlante...C'est à ce moment-là que je compris que c'était la fin, alors je tournais un regard apeuré sur l'homme qui était a coté, c'était le vétérinaire...Il me faisait non de la tête. Un sanglot incontrôlable envahis mon corps, je tremblais au même rythme que ma jument. Je posai ma tête sur son ventre et je me mis à chanter une berceuse à travers mes sanglots, au rythme de sa respiration. On nous laissa seul.
Le lendemain matin elle s'était éteint, elle avait agonisé toute la nuit, mais ma présence avait apaisé ses souffrances, lorsque je regardais la vie s'éteindre de ses yeux, on pouvait y lire à travers de la reconnaissance. Il m'a été difficile de quitter sa dépouille, c'était comme si on m'arrachait la dernière chose qu'il me restait d'elle. »

VOUS : « Vous connaissez déjà la suite, quelques semaines plus tard, une affiche « a vendre » était collée sur la fenêtre du ranch, alors que j’allais sur mes 18 ans, en un moi c’est comme ci j’avais tout perdu. Il n’a fallut que quelques jours pour que la maison se vende, ce qui m’abattu de plus belle. Et ce qui m’a achever, c’était le silence de Ébrrân, j’ai quitté le pays sans un au revoir de sa part, sans nouvelles, sans un mot pour me réconforter. Voila ce qui fait de moi ce que je suis aujourd’hui… Croyez vous vraiment que j’ai besoin d’un psychologue ? »