Astrid Come « Sous les mots écrits, le cœur meurtri »

MR HELLSING : « Bonjouuuuuuuuuuur ! »
VOUS : « Je crois que ça ne sera pas possible si vous êtes aussi enthousiaste. »
MR HELLSING : « Alooors ! Nous allons donc pouvoir commencer ! »

Un quart d'heure suite à la sulfureuse rencontre avec un psychologue loufoque (& sado-maso), arrivent les questions dites sérieuses.

MR HELLSING : « Qu'est ce qui vous amène donc ici? »
VOUS : « Ce qui m’amène ici ? Vous n’en savez rien ou vous voulez me l’entendre dire ? Dans le second cas je ne pense pas que vous allez être déçu. Parce qu’on vous a servi une version édulcorée de la vérité. Avant que vous n’interveniez, vous êtes tellement prévisible, je tiens à dire qu’effectivement j’ai poignardé l’agent de police. La seule différence entre ce que vous pensez et la vérité réside en un point. Le pourquoi. Vous pensez que c’est l’alcool, moi que c’est ma famille qui a poussé ma main. Pas mon frère non, mon père. Ah ! Il était beau le père avec son sourire carnassier qui me fait toujours sentir qu’il a obtenu ce qu’il voulait de moi. Evidemment, un mariage, moi l’enfant prodige, celui qu’il « aime » par dépit, faute de mieux et parce que mon frère ne lui fournira pas d’héritier. Imagineriez-vous épouser une femme que vous ne connaissez pas, ou très peu, et qui vous insupporte ? Je ne pense pas que vous puissiez imaginer à quel point j’en ai voulu à mon père. Pauvre Papa, lui qui voyait en moi l’ « Avenir Familial » comme il disait. J’aurais dû planter le poignard dans son ventre, au moins ça nous aurait libérés tous les trois. Vous semblez perdu. Bon, je vais faire simple puisque vous êtes un macaque doté de lunettes. J’ai planté un couteau dans le ventre d’un policier alors que j’étais saoul et ivre de colère envers mon père qui voulait me forcer à me marier avec une inconnue. Il comprend le psy, ça va pas trop vite pour lui ? »

MR HELLSING : « Qu'est ce que vous inspire ce ranch? »
VOUS : « Du mépris. Beaucoup. »

MR HELLSING : « Je vois, je vois... Et en ce qui concerne votre passé? Votre enfance? Adolescence? Vos relations? Une anecdote? »
VOUS : « Je n’ai rien à dire. Tout cela ne concerne que moi. Mon enfance, elle fut agréable bien que courte et sévère. Mon adolescence. Croyez-vous que dans les grandes familles nous ayons droit à une crise ? J’ai eu, car j’étais le plus coriace des deux frères, droit à un mot déplacé. Et à la gifle qui venait de paire avec lui bien sûr. Mes relations sérieuses sont très limitées, j’entretiens avec mon frère une relation très spéciale, nous sommes vraiment très différents, mais nous nous aimons et c’est ainsi. En dehors de lui je n’ai que peu d’amis et ceux-ci sont tous piochés dans la même catégorie de la population de toute évidence. Les amours n’ont jamais été très fructueuses pour moi, je viens d’échapper à un mariage d’intérêt, ma dernière vraie petite amie date de ma dernière année de collège. Je pense que pour que vous compreniez mieux ma vie il faut que je vous immerge dans trois souvenirs. Le premier, le coming-out de mon frère, le second, la parution de mon premier livre, le troisième mon arrivée ici. »

Souvenir Premier :

Mon frère m’avait depuis longtemps mis dans le secret, de toute façon il n’y avait pour moi jamais eu de doute, je n’avais jamais vu mon frère qu’avec un garçon, dans ma tête c’était le schéma logique, il aimait tout ce que je n’aimais pas. Mais quand il me présenta son premier petit ami, j’avoue avoir été drôlement surpris. A seize ans il sortait avec un garçon qui en avait vingt… Mais ce n’était pas là le plus important, s’ils s’aimaient.

Jules » Tu peux me laisser la chambre pendant une petite heure, j’aimerais qu’on soit seuls…
Astrid » Promet-moi que tu ne vas pas coucher avec lui.
Jules » Hein ?
Astrid » Tu sors avec lui depuis combien de temps ? Tu n’as que seize ans et bon sang c’est quoi ce mec qui arrête pas de me mater ? Il veut un plan à trois ?
Jules » T’as vraiment un problème ! Tu veux essayer avec un gars c’est ça ? T’arrives pas à te trouver une meuf alors t’essayes de prendre mon mec ?
Astrid » Et lui essaye de prendre ton cul. Tu sais quoi ? Dégage j’espère juste que tu ne te feras pas choper ça serait tellement con pour ton petit secret.

Je n’aurais pas pu prévoir qu’en sortant avec mes amis au moment où mon père rentrerait du bureau mon frère penserait alors que ce n’était pas lui mais moi et que par conséquent il n’arrêterait pas de s’amuser sur le lit avec son petit ami. Voyant la voiture de notre père garée dans l’allée j’ai paniqué, je suis monté en courant mais c’était déjà trop tard. Les cris de Père résonnaient dans la maison et ceux de mon frère, mêlés à des sanglots, ne faisaient pas le poids, je croisai son petit ami, qui devait être son ex à cette heure-ci, et il me remercia… Je ne compris qu’après qu’ils pensaient tous les deux que je les avais en quelque sorte vendus.

Astrid » C’est quoi ce bordel ?
Père » Astrid ! Ton frère était en train de… Il… Il avait sa bouche…
Astrid » Oui il faisait une pipe à son petit ami et alors ?
Jules » C’est toi qui lui a dit de monter hein ! T’es mort !
Astrid » Quoi ? T’as vraiment une case en moins toi !
Père » Astrid ne parle pas comme ça à ton frère, quant à toi Jules ça se soigne, tu verras on te trouvera une petite amie.
Astrid & Jules » QUOI ?
Jules » Mais j’aime pas les filles ! Tu te tues à ne pas comprendre, j’aime les hommes.
Astrid » QUOI ? C’est moi qui lui parle mal alors qu’il me dit que je suis mort ?
Jules » Fait pas l’enfant !
Astrid » Fait le beau !

Après ça mon frère ne m’a pas parlé pendant près de deux semaines, il pensait que je l’avais trahi. Ce n’était pas le cas, mais je lui en voulais moi aussi, d’avoir ainsi réduit sa confiance en moi à si peu de chose. Un mauvais coup du sort et voilà qu’il ne me parlait plus, mais nous nous sommes réconciliés depuis, heureusement.

Souvenir Second

C’était le lendemain de mon vingtième anniversaire. J’avais écrit un roman pour adolescents, je m’étais dit en l’entamant que c’était le public qui était le plus proche de moi, même si je n’étais pas épanoui au niveau du style d’écriture, je suis du genre à écrire beaucoup, description, dialogue, tout en quantité. Aussi mon premier roman je le fis paraître sous un pseudonyme et seul mon frère sait que j’ai été publié. Pourquoi ? Parce que mes parents n’en ont rien à faire et que ce serait une honte de voir que je ne suis pas un auteur à succès. Car je n’en ai pas vendu des quantités extraordinaires, une dizaine de milliers en France tout au plus. Pour un premier essai je suis assez fier de moi, de toute façon je ne voulais pas en vivre, c’était un passe-temps quand j’ai commencé à écrire, c’est devenu une passion, ça ne sera jamais un métier.

Mon frère et moi sommes partis en voiture pour faire la fête avec des amis à nous, son petit ami d’alors que j’avais en horreur mais que je ne pouvais que supporter, nous fêtions ma parution officieusement, seul lui et moi étions au courant, pour tout le monde on fêtait nos vingt ans.

Astrid » A toi grand frère !
Jules » A ton livre, à toi petit frère.

Nous descendîmes nos coupes de champagne avant de nous embrasser. Sur la bouche, c’était un rituel entre nous, ça amusait nos amis. Mais c’était la première fois que son petit ami sortait avec nous et dire qu’il n’apprécia pas la plaisanterie aurait été un euphémisme. A la sortie de la limousine il m’attendait, je ne compris pas ce qu’il pouvait bien me vouloir, comprenez je n’avais, dans mon esprit, rien fait de déplacer. Il me menaça, leva le poing sur moi, m’insulta. Je le laissai faire, après tout pourquoi pas ? Qu’il soit jaloux c’était possible, de moi, concevable, mais qu’il n’ait pas compris que ce baiser n’était en rien une preuve de désir me fit réagir.

Astrid » Tu sais, si tu ne connais pas assez bien ton petit-ami, qui se trouve être mon frère jumeau, ce n’est pas grave. Quitte-le c’est un conseil, tu le connais beaucoup trop mal pour pouvoir prétendre l’aimer et je préfère que tu le fasses de ton plein gré plutôt que d’avoir à te forcer à le faire.
Mathéo » Et tu crois que tu peux me forcer à le quitter ton frère ?
Astrid » Je ne crois pas, j’en suis sûr.
Mathéo » Va te faire foutre ! Ton frère je l’aime pas ! C’est juste un très bon coup, et puis vous êtes bourrés de tunes, alors de temps en temps il m’achète un petit truc, c’est le pied. Pas de sentiment, du plaisir et des extra.
Astrid » J’aurais bien aidé mon frère à te virer si tu ne l’avais pas fait toi même. Tu viens de faire la description d’une pute. Je ne doute pas que c’est ce que tu es.
Jules » As’ tu nous laisses s’il te plaît.
Astrid » Avec joie. Adieu Mathéo.

Souvenir Troisième

Le soir nous sommes rentrés tous les deux à pied, on voulait marcher, parler. Il m’a dit qu’il avait un cadeau à me donner et un autre cadeau qu’il avait déjà fait. Piqué au vif j’essayai de comprendre, il avait envoyé des livres dans toutes la France dans tous les magasins d’une grande chaîne de libraires. Son cadeau à donner n’était autre que le même bracelet que je lui avais acheté et s’il ne comprit pas tout de suite pourquoi je riais en le voyant, la simple vu du cadeau le mit sur la voie de la compréhension.

On m’a envoyé ici contre mon gré, c’est assez clair je pense que sinon je serai pas aussi taciturne, j’ai pas envie d’être là. Mais maintenant que Jules est rentré je dois veiller sur lui, cet idiot peut se fourrer dans des histoires assez farfelues. Puis il est du genre à se faire briser le cœur facilement, c’est qu’il en a du cœur vous savez ? Il aime tellement la vie, moi je suis plus intelligent dans ce sens là, lui est plus humain moi plus dans l’analyse. Je teste avant de m’embarquer dans une histoire qui se peut être suicidaire.

J’ai un peu honte de le dire, mais j’ai croisé une fille en arrivant ici, elle a suffi à me faire oublier cinq minutes ma mauvaise humeur à l’idée d’entrer au ranch et pourtant on n’a fait que se croiser, elle m’a vu sans me regarder j’ai cru comprendre en me renseignant un peu qu’elle s’appelle Jacinthe, je trouve ça un peu… Floral mais c’est sympa. J’espère que, malgré la différence de personnage, parce qu’elle ne donne pas du tout l’impression d’être malheureuse ici elle semble même assez épanouie, on pourra se parler. Je sais que ça peut paraître précipiter mais je sais, je l’ai su en la voyant, que c’est le genre de fille que je pourrai aimer. Je dis ça sans avoir jamais été vraiment amoureux au point de penser me suicider après une rupture.

Et je vais faire le point sur ce que je pense maintenant pour que vous puissiez comparer entre la première impression et l'impression une fois immergé.

Mais l’avantage de cet endroit par rapport à une prison traditionnelle c’est qu’il y a vachement de gens qui méritent d’être connus. J’ai notamment fait la connaissance depuis que je suis ici de trois personnes qui sont devenus des amis proches en un rien de temps, le fait qu’on se côtoie h 24 crée des liens vachement plus rapidement que dans la vie active. Ils s’appellent Isaac, Venceslas et Kaelia. Les deux premiers sont mes amis parce qu’ils ont les mêmes idées que moi, qu’Isaac a un destin très similaire, on doit succéder à notre gentil Papa plein aux as et avec Venceslas c’est notre sens de la fête qui nous a rapproché avant de nous rendre compte qu’on se ressemblait plus qu’il n’y paraissait. Et Kaelia… Un être à la fois amusant et intéressant. Elle est la confidente que je n’ai jamais eu, en dehors de mon frère, on peut parler de beaucoup de sujet sans être d’accord mais en trouvant ce que l’autre dit intelligent et fondé… Elle essaye actuellement de m’arranger un coup si je puis dire, elle parle de moi à Jacinthe et essaye de la convaincre que je ne suis pas aussi froid que j’en ai l’air.

Bon je crois qu’on en a fini, là c’est bon j’en ai ma claque de vous Monsieur Primitif.