Waste myself on you. [R.]

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S'il y a bien un mot ou un adjectif qu'utiliserait la jeune Palmer pour qualifier cette endroit, ce serait: fou. Fou comme le temps passe plus ou moins vite selon les jours; fou comme elle s'y ennuie ou elle s'y amuse, etc... Effectivement, il y a certains jours où Woody ferait absolument n'importe quoi pour s'échapper de ce ranch, parce qu'elle n'y sait que faire, parce qu'elle ne se sent pas chez elle et que tout ce changement la déstabilise un peu. Il y en a d'autres où elle voudrait rester et ne plus jamais retourner chez elle usant de tous les moyens. Effectivement, ce qu'il faut savoir, c'est que cette jeune femme est une éternelle insatisfaite. Elle ne sait jamais ce qu'elle veut et bien qu'on le lui ait déjà reproché et ce, à plusieurs reprises, rien n'y a fait. Pourtant, elle en est consciente, mais aucune solution n'a l'air de s'offrir à elle. Bref, aujourd'hui encore, elle voudrait s'en aller. Loin. Rester seule, pour l'éternité. Ce matin-là, très tôt, à l'aube, elle s'est levée et a longuement marché. Elle a pensé à son passé. Elle avait été blessée et il n'y avait personne à ses côtés pour panser les plaies de son cœur. Ce joui-là, elle en voulait à tout le monde, elle avait l'air d'en vouloir à la terre entière. Elle haïssait ses parents et se détestait de n'avoir su lutter. Ils avaient décidé de l'envoyer ici et elle n'avait rien dit. Peut-être était-ce aussi son choix ? Rester loin d'eux lui aurait fait le plus grand bien, c'est ce qu'elle avait pensé. Et à priori, elle n'avait pas réellement tort.

Ici les gens était différents de ceux qu'elle avait pour habitude de côtoyer. Enfin, certains. Quelques-uns ont l'air d'avoir connu de nombreux problèmes, peut-être de pires que les siens. Peut-être même qu'il y avait une raison valable pour qu'ils se retrouvent ici. La jeune Palmer n'avait fait qu'écouter ce que son cœur lui dictait. Elle avait épousé l'homme qu'elle aimait. Pas pour sa fortune, pour ce qu'il était. Et ce qu'elle avait obtenu en échange: un long sermon et une entrée gratuite au Ranch pour on ne sait combien de temps encore. Bref, elle se plaisait à observer ces personnes, leurs comportements. Car oui, elle avait toujours eu un sens aigüe en ce qui concernait l'observation. Alors après avoir aidé aux écuries, elle s'était dirigé vers l'enclos où ce fut au tour des chevaux d'être épiés. Penser, observer. Voilà les 'activités' auxquelles elle s'était concentré aujourd'hui. Tout ça, c'était très bien, mais s'il y avait une chose dont elle avait plus qu'envie en ce moment-même, c'était de rester seule. Le grenier. Le seul endroit où elle ne trouverait personne. Surtout pas à cette heure-ci. C'était l'endroit idéal. Traînant des pieds, elle s'y était dirigée pour s'installer dans un des recoins éclairé par les rayons du soleil, là où personne ne viendrait la chercher. Là, elle se sentait déjà un peu mieux.

Le délire total, la veille. Isaac avait passé sa soirée à se bourrer la gueule, tout seul comme un grand. Il avait déliré seul, vomit seul, s'étaler seul, crier seul, marmonner seul. Et puis, il avait tellement pensé à son passé. A sa femme maintenant ex femme, à son bonheur avec, tous les moments d'amour extrême, leur mariage express mais tellement passionné, ses yeux, sa chevelure. Il s'était même surpris à pleurer. Pleurer de son amour perdu, pleurer et croire qu'elle reviendrait par ses larmes. Mais non, Woody était loin, trop loin, et Isaac se sentait tellement vide qu'il avait envie de se pendre. Ils auraient mieux fait de partir loin. Sortir autant de cash possible et se faire une vie à deux, remplies de bonheur. Isaac avait vu en elle la mère de ses enfants, la femme dont il ne se lasserait jamais. Et on lui avait enlevé. Si seulement, il avait su se battre un peu plus, s'opposer à ses tyrans de parents. Isaac devenait maniaco-dépressif, lui qui pourtant était d'habitude optimiste. Il avait juste passé la soirée à noyer son chagrin dans son alcool.
Il s'était réveillé le lendemain matin, dans la prairie. Il finissait souvent dans l'herbe, avec un mal de crâne horrible. C'était encore le cas, ce matin là. Tatillonant, s'allumant une cigarette, traînant des pieds pour se retrouver dans la maison, il rencontra des tas de jeunots qui arrivèrent tous à le dévisager. Avec son air bourru du matin, les herbes sur son tshirt et dans ses cheveux, la barbe de deux jours qu'il laissait pousser pour faire fuir les gamines, le regard mauvais à cause d'une migraine, il faisait plus peur qu'il n'était attirant. Sa vie était merdique, et il ne se divertissait que lorsqu'il se bourrait la gueule. Ce soir, il prendrait la boîte de somnifères. Les tendances suicidaires étaient souvent présentes, lorsqu'il était de mauvaise humeur. Ainsi, il alla juste prendre une douche pour se réveiller, se changer et il repartit dans ses expéditions. Fumant cigarettes sur cigarettes, il finit par penser qu'il était mieux seul que mal accompagné. Il avait encore envie de se retrouver seul, de déprimer et boire. On soigne le mal par le mal. Il alla dévaliser le frigo, fourrant une bouteille de whisky dans son tshirt. Sachant ne pas où aller, il montait les marches sans direction précise. La clope au bec, il poussa la porte poussièreuse du pied, il ne vit pas du tout que quelqu'un se cachait dans un coin au soleil. Il ne se doutait pas que leurs parents étaient assez bêtes pour les mettre ensemble dans un même ranch, où ils pourraient se voir. Isaac, les cernes le dévisageant, se mordit la lèvre et soupira lorsqu'il pensa encore une fois à ce bonheur évanoui. C'est là qu'il s'allongea comme un clochard sur le sol dégueulasse du grenier. Il ferma les yeux, pensant un peu trop fort à elle, à cet ange qu'il aimait tellement encore. Isaac n'était pas sans coeur, loin de là.

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Quel être humain normalement constitué aurait pensé qu'aimer serait un crime ? Certainement pas la belle Woody. Elle se demandait encore comment elle avait pu atterir ici, pourquoi elle ? Elle n'avait pas de réponses, mais que des semblants de réponses. Peut-être que son expérience ici pourrait lui apprendre de nombreuses choses. Ces quelques heures ici avaient suffi à la changer un tant soit peu. Elle était plus calme, plus sereine que jamais. Dingue comme un nouvel environnement pouvait vous changer une personne. Elle fermait les yeux et rêvait de ce qu'aurait pu être sa vie si tout n'avait pas basculé du jour au lendemain. Si ses parents n'étaient pas ses parents, si elle était encore dans les bras de celui qu'elle aimait, et si, et si. Hypothèses, rêves, mais toujours aucune solution. Ici, elle ne parlait pas beaucoup. Et ce, depuis son arrivée. Inutile de préviser que tout cela n'était pas dans les habitudes de mademoiselle. Là, elle était bien. Le soleil au contact de sa peau lui faisait le plus grand bien. Tout se déroulait tranquillement, elle pensait que personne n'aurait la même idée qu'elle et que par conséquent, personne ne viendrait s'enterrer ici. Et bien elle avait évidemment eu tort. Elle n'était donc pas seule à avoir besoin d'isolement. Elle ne prêta pas tout de suite attention à la personne qui avait daigné la déranger. Pas besoin donc de préciser qu'elle ignorait alors totalement qui se tenait là dans la même pièce qu'elle, à quelques pas. La personne dont elle rêvait nuit et jour étaient à ses côtés. Lui, Isaac. Alors elle entendit un bruit un peu sourd qui la fit sursauter, c'était le cas de le dire. Elle tourna la tête et qu'elle ne fût pas sa surprise lorsqu'elle reconnut ce visage. Alors comme ça ses parents n'avaient pas pensé qu'il se trouverait là, lui aussi ? Décidément, ils n'avaient pas été très futés sur le coup et elle leur en était toutefois reconnaissante pour une fois dans sa vie. Elle avait juste besoin de réaliser que celui qu'elle considérait comme son âme sœur se tenait là, juste devant elle. Elle se leva néanmoins et s'avança lentement jusqu'à aller s'agenouiller devant Isaac où elle ferma les yeux. Ses doigts allèrent effleurer son visage avant de s'arrêter sur ses lèvres qu'elle n'avait pas goûté depuis un moment déjà. Et tout cela lui manquait terriblement. Elle avait ce besoin incontrôlable de le toucher, de savoir qu'il était vraiment là et qu'elle n'était tout simplement pas en plein rêve. Alors elle s'allongea elle aussi sur le sol poussiéreux du grenier et attrapa sa main. Elle donnerait tout ce qu'elle pouvait, tout ce qu'elle avait en sa possession pour rester à ses côtés toute une éternité.

Paralysé de douleur, il l'était. Penser à ce paradis qu'il avait vécu et l'enfer qu'il entretenait ces jours ci, il avait juste envie de s'enfuir, de mettre fin à ce calvaire, qui était de plus en plus invivable chaque jour. Woody, sa Woody, son ange blond, sa grande passion, et pour ainsi dire sa raison de vivre. Sans elle, plus rien ne tournait rond. Il avait beau tenté de combler ce trou béant en lui, il n'arrivait pas à avancer sans elle. Ces derniers mois, il n'avait rien fait de bien dans sa vie. Il entretenait son addiction à son seul échappatoire qui était l'alcool. Se détruire le divertissait. Et là, il n'aurait pas pu rêver mieux. Il avait envie de crier, de pleurer, de l'embrasser, de lui murmurer autant de je t'aime possible. Cette chaleur, cette douceur, cette odeur était tout ce qu'il y avait de pluss divin sur terre. La revoir, là, alors que c'était le dernier endroit sur terre où il pensait pouvoir la trouver, penser à l'erreur de leurs parents respectifs, à cette erreur qui lui donnait envie de vivre, était sa seule grande victoire. Elle se trouvait, là, couchée à ses côtés, tenant sa frêle main qui tremblait. Encore alcoolisé, Isaac ne réalisait pas. Il avait juste l'impression de rêver.
Et pourtant, la situation était tellement réelle. Ils ne parlaient pas, ne bougeaient pas. Isaac aurait voulu se tourner, aurait voulu l'embrasser. Aucun mot ne pouvait décrire ce qu'il ressentait. Du bonheur pur et simple, du bonheur gros calibre, du bonheur concentré en émotion. Elle avait effleuré son visage, croiser son regard, elle avait communiqué tous ce qu'elle n'avait pu dire pendant de si longs mois. Il ne voulait pas gâché ce moment, ces retrouvailles. Sans s'en apercevoir, il avait les larmes aux yeux, il avait la boule à la gorge, le tract du premier amour. Il serra cette main, et alla se réfugier dans ses bras qu'il avait toujours chéri. Fermant les yeux, réouvrant son coeur, se contentant de la serrer le plus fort possible dans ses bras, de sentir son odeur, de rester catatonique contre elle, Isaac avait tellement envie de tout lui expliquer. De s'excuser pour les agissements de leurs parents. Même si ce n'était pas de sa faute. Une douleur invivable qui s'était transformé en paix. Isaac avait retrouvé son amour. Son coeur, sa vie. A cet instant, il se promit de ne plus jamais la quitter.